Gefco jugé pour prêt illégal de main-d’œuvre de chauffeurs-livreurs en Europe de l’Est
L’ancien transporteur français Gefco comparaît actuellement devant le tribunal correctionnel de Vesoul pour un système de prêt illégal de main-d’œuvre impliquant des chauffeurs-livreurs venus de Pologne et de Slovaquie. Selon les enquêteurs de l’Office central de lutte contre le travail illégal (OCLTI), ce mécanisme complexe permettait à Gefco et à des sous-traitants d’embaucher des chauffeurs d’Europe de l’Est en contournant les règles sociales françaises et en réduisant les charges. Ces chauffeurs, engagés par une série de sous-traitants, travaillaient dans des conditions de travail précaires sur une base logistique en Haute-Saône, avec des logements vétustes, humides et insalubres.
Une exploitation facilitée par la sous-traitance en cascade
Selon l’enquête de l’OCLTI, Gefco aurait eu recours à des sous-traitants en Europe de l’Est pour employer ces chauffeurs-livreurs à des coûts inférieurs aux standards français. Ce schéma de sous-traitance en cascade permettait de réduire considérablement les charges sociales, augmentant la compétitivité de l’entreprise face à d’autres transporteurs. Les chauffeurs, souvent vulnérables, étaient rémunérés bien en deçà des salaires moyens, sans couverture sociale, violant ainsi le droit du travail français.
Des accusations graves de travail dissimulé
Le procès, ouvert à Vesoul, réunit Gefco et des entreprises de transport en Pologne, en France et en Slovaquie. Ils sont accusés de travail dissimulé en bande organisée et de soummission de personnes vulnérables à des conditions de travail indignes. Ces accusations sont lourdes : au-delà des peines de prison potentielles, les entreprises encourent des amendes pouvant aller jusqu’à 225 000 euros, une sanction qui pourrait, néanmoins, s’avérer insuffisante pour dissuader d’autres sociétés pratiquant des schémas similaires.
Une menace pour l’équité et la santé du secteur des transporteurs
Cette affaire a suscité des réactions de l’Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE), dénonçant l’impact de ces pratiques sur la compétitivité des entreprises conformes. Blandine Tatin, secrétaire générale de l’OTRE Franche-Comté Bourgogne, a expliqué que ce type de dumping social tire les prix vers le bas et crée une concurrence déloyale, mettant en difficulté les transporteurs qui respectent les normes européennes.
Des conséquences potentielles pour la régulation du secteur
Les révélations de cette affaire pourraient inciter les autorités à renforcer les contrôles et à mieux réguler les pratiques de sous-traitance dans le secteur du transport routier. Le procès pourrait envoyer un signal clair aux entreprises exploitant des travailleurs sous-payés dans des conditions indignes. En attendant le verdict, l’affaire Gefco est surveillée de près, représentant un enjeu majeur pour la justice sociale et la régulation économique dans le transport routier.
Une question d’équité et de sécurité pour les chauffeurs-livreurs
Les syndicats et associations de travailleurs soulignent également l’importance de conditions de travail équitables pour tous les chauffeurs-livreurs. Ces travailleurs, souvent originaires d’Europe de l’Est, se retrouvaient sans protection sociale et logés dans des conditions insalubres. Ce procès pourrait sensibiliser le public et les décideurs à l’importance de défendre des normes sociales pour les travailleurs, quel que soit leur pays d’origine.
Ce procès pourrait donc non seulement avoir des répercussions financières pour les entreprises impliquées, mais aussi ouvrir un débat plus large sur la sous-traitance dans le secteur du transport routier en Europe, et la responsabilité des entreprises face aux conditions de travail de leurs employés.